Depuis le début des années 2000,
Internet et plus spécifiquement le World Wide Web – plus communément appelé
« le Web » – a permis le développement de nombreux sites et un
échange massif de données et d’informations entre les utilisateurs. Il suffit
pour cela de prendre connaissance des quelques chiffres : on compte en
2015 environ 3,025 milliards d’internautes, soit 42% de la population mondiale,
avec un temps moyen de connexion de 4,8 h/jour via un ordinateur et 2,1 h/jour
via un mobile. Par ailleurs, nous sommes passés de 19 000 sites en 1995
dans les débuts d’internet à un nombre estimé à 947 029 805 (dont 177 782 668
actifs) en 2014, et la progression est constante ; nous aurions d’ailleurs
passé le palier du milliard en 2015.
Cette capacité à fournir des
informations en tout temps et surtout la facilité d’accès des différents
utilisateurs pose un problème double : comment modérer le contenu
d’internet, accessible très (trop ?) facilement à tous, sans pour autant
porter atteinte à la liberté d’expression ? Dans quelle mesure les entités
juridiques et gouvernementales peuvent-elles assurer une navigation
« saine », en vertu des législations différentes des états, sans pour
autant tomber dans la censure et le contrôle de l’information ?
C’est la polémique qui a été
soulevée en France à la suite des attentats du 7 Janvier 2015 dans les locaux
du journal Charlie Hebdo par 2 terroristes, attentat revendiqué par le groupe Al-Qaïda
une semaine plus tard, le 14 janvier 2015. Devant ces actes, le gouvernement français a
décidé de lutter encore plus sévèrement contre le terrorisme, et
particulièrement contre le recrutement des jeunes français qui voudraient s’engager
dans des groupes extrémistes violents.
Rapidement après ces évènements
est mis en place le site http://www.stop-djihadisme.gouv.fr/
et dont la page d’accueil est précédée de la vidéo suivante ayant pour but de
dissuader les personnes désorientées, facilement influençables, qui seraient
susceptibles de rejoindre ce genre de groupes extrémistes.
A la suite de cette action, le gouvernement
français a lancé une « traque » des sites internet à contenu incitant
à la violence, faisant l’apologie du terrorisme, et plus particulièrement les
sites « recruteurs » des organisations islamiques, et ce grâce à un
décret permettant au ministère de l’intérieur de bloquer un site directement par
voie administrative, c’est-à-dire sans passer par un juge d’instruction. Le
lancement de cette procédure a eu pour effet de voir fleurir sur certains sites
la redirection suivante, lorsque l’on tente de s’y connecter depuis un FAI
français
Le 16 Mars 2015, on comptait déjà
5 sites « considérés comme faisant l’apologie du terrorisme » qui
étaient bloqués. Mais rapidement, plusieurs voix se sont élevées contre ce dispositif
de censure : en effet, si certains sites se réclament comme ouvertement appartenant
à tel ou tel groupe extrémiste et prône « l’islamification », violente, de l’Europe occidentale, d’autres
cependant, se revendiquent à but purement informatif. C’est le cas de islamic-news.info qui déclare ne faire
que de la transmission de nouvelles du monde musulman, plus particulièrement
dans les régions contrôlées par l’Etat Islamique, et qui conteste les raisons qui
ont justifié son blocage.
On se heurte ici à une problématique
extrêmement dangereuse, car si un gouvernement peut décider, de manière
unilatérale d’empêcher ou de limiter aux citoyens l’accès à des informations,
où est la limite de la censure ? Est-il possible qu’il puisse y avoir des
abus (chacun connaît le niveau de contrôle existant dans des pays comme la
Chine ou la Corée du Nord) ? Et cependant, comment pouvons-nous accepter
que de telles contenus, aussi violents et propagandistes circulent librement
sur le net alors qu’en 2015, n’importe qui peut y avoir accès, et notamment les
plus jeunes ?
Si la question peut être
légitime, il convient de ne pas tomber dans la paranoïa. En effet, l’éthique d’un
gouvernement démocratique paraît difficilement contestable, surtout en regard des
attentats qui ont eu lieu. L’action menée par le gouvernement français s’inscrit
dans un plan d’action qui a pour but de sensibiliser et d’éduquer les jeunes français
qui pourraient être sensibles à ce genre d’endoctrinement, en leur faisant
prendre conscience de la gravité de l’engagement qui leur est demandé, et les
conséquences que cela peut avoir.
Mais si le blocage de ces sites
est possible, des contournements sont possibles et les terroristes le savent ;
le premier et le plus simple est la possibilité de contact sur les réseaux
sociaux, dont il est difficile de bloquer une page, bien que l’on puisse
signaler un contenu abusif. Et que dire du web caché, le "deep-web", qui même s’il est
accessible à un plus faible nombre de personnes, permet d’avoir accès à des
informations sans aucun contrôle et ni traçage …
Je conclurai cet article en
disant qu’il est paradoxal et même un peu troublant de constater que dans cette
bataille pour la liberté d’expression, on n’utilise rien de moins que … la
censure. Au fond, il serait profitabe que chacun use d’un peu de son bon sens
pour éviter cette escalade de la violence et de l’imbécilité, et surtout les
conséquences dramatiques que l’on sait déjà.
Simon CHAPUY
le Lundi 30 Mars 2015
le Lundi 30 Mars 2015
Bibliographie
[1] Blog du modérateur, (2015, Janvier) « CHIFFRES
INTERNET – 2015 » [en ligne], [http://www.blogdumoderateur.com/chiffres-internet/],
(consulté le 30/3/15)
[2]
Wikipédia, L’encyclopédie libre, « Site web » [en ligne], [http://fr.wikipedia.org/wiki/Site_web],
(consulté le 30/3/2015)
[3]
Boris Manenti, (2015, Mars), « 5 sites
censurés en France pour apologie du terrorisme », L’Obs [en ligne], [http://tempsreel.nouvelobs.com/tech/20150316.OBS4703/un-premier-site-censure-en-france-pour-apologie-du-terrorisme.html],
(consulté le 30/3/2015)