mercredi 1 avril 2015

Un peu de bon sens ...



Depuis le début des années 2000, Internet et plus spécifiquement le World Wide Web – plus communément appelé « le Web » – a permis le développement de nombreux sites et un échange massif de données et d’informations entre les utilisateurs. Il suffit pour cela de prendre connaissance des quelques chiffres : on compte en 2015 environ 3,025 milliards d’internautes, soit 42% de la population mondiale, avec un temps moyen de connexion de 4,8 h/jour via un ordinateur et 2,1 h/jour via un mobile. Par ailleurs, nous sommes passés de 19 000 sites en 1995 dans les débuts d’internet à un nombre estimé à 947 029 805 (dont 177 782 668 actifs) en 2014, et la progression est constante ; nous aurions d’ailleurs passé le palier du milliard en 2015.

Cette capacité à fournir des informations en tout temps et surtout la facilité d’accès des différents utilisateurs pose un problème double : comment modérer le contenu d’internet, accessible très (trop ?) facilement à tous, sans pour autant porter atteinte à la liberté d’expression ? Dans quelle mesure les entités juridiques et gouvernementales peuvent-elles assurer une navigation « saine », en vertu des législations différentes des états, sans pour autant tomber dans la censure et le contrôle de l’information ?

C’est la polémique qui a été soulevée en France à la suite des attentats du 7 Janvier 2015 dans les locaux du journal Charlie Hebdo par 2 terroristes, attentat revendiqué par le groupe Al-Qaïda une semaine plus tard, le 14 janvier 2015.  Devant ces actes, le gouvernement français a décidé de lutter encore plus sévèrement contre le terrorisme, et particulièrement contre le recrutement des jeunes français qui voudraient s’engager dans des groupes extrémistes violents.
Rapidement après ces évènements est mis en place le site http://www.stop-djihadisme.gouv.fr/ et dont la page d’accueil est précédée de la vidéo suivante ayant pour but de dissuader les personnes désorientées, facilement influençables, qui seraient susceptibles de rejoindre ce genre de groupes extrémistes.


A la suite de cette action, le gouvernement français a lancé une « traque » des sites internet à contenu incitant à la violence, faisant l’apologie du terrorisme, et plus particulièrement les sites « recruteurs » des organisations islamiques, et ce grâce à un décret permettant au ministère de l’intérieur de bloquer un site directement par voie administrative, c’est-à-dire sans passer par un juge d’instruction. Le lancement de cette procédure a eu pour effet de voir fleurir sur certains sites la redirection suivante, lorsque l’on tente de s’y connecter depuis un FAI français



Le 16 Mars 2015, on comptait déjà 5 sites « considérés comme faisant l’apologie du terrorisme » qui étaient bloqués. Mais rapidement, plusieurs voix se sont élevées contre ce dispositif de censure : en effet, si certains sites se réclament comme ouvertement appartenant à tel ou tel groupe extrémiste et prône « l’islamification », violente, de l’Europe occidentale, d’autres cependant, se revendiquent à but purement informatif. C’est le cas de islamic-news.info qui déclare ne faire que de la transmission de nouvelles du monde musulman, plus particulièrement dans les régions contrôlées par l’Etat Islamique, et qui conteste les raisons qui ont justifié son blocage.

On se heurte ici à une problématique extrêmement dangereuse, car si un gouvernement peut décider, de manière unilatérale d’empêcher ou de limiter aux citoyens l’accès à des informations, où est la limite de la censure ? Est-il possible qu’il puisse y avoir des abus (chacun connaît le niveau de contrôle existant dans des pays comme la Chine ou la Corée du Nord) ? Et cependant, comment pouvons-nous accepter que de telles contenus, aussi violents et propagandistes circulent librement sur le net alors qu’en 2015, n’importe qui peut y avoir accès, et notamment les plus jeunes ?

Si la question peut être légitime, il convient de ne pas tomber dans la paranoïa. En effet, l’éthique d’un gouvernement démocratique paraît difficilement contestable, surtout en regard des attentats qui ont eu lieu. L’action menée par le gouvernement français s’inscrit dans un plan d’action qui a pour but de sensibiliser et d’éduquer les jeunes français qui pourraient être sensibles à ce genre d’endoctrinement, en leur faisant prendre conscience de la gravité de l’engagement qui leur est demandé, et les conséquences que cela peut avoir.

Mais si le blocage de ces sites est possible, des contournements sont possibles et les terroristes le savent ; le premier et le plus simple est la possibilité de contact sur les réseaux sociaux, dont il est difficile de bloquer une page, bien que l’on puisse signaler un contenu abusif. Et que dire du web caché, le "deep-web", qui même s’il est accessible à un plus faible nombre de personnes, permet d’avoir accès à des informations sans aucun contrôle et ni traçage …



Je conclurai cet article en disant qu’il est paradoxal et même un peu troublant de constater que dans cette bataille pour la liberté d’expression, on n’utilise rien de moins que … la censure. Au fond, il serait profitabe que chacun use d’un peu de son bon sens pour éviter cette escalade de la violence et de l’imbécilité, et surtout les conséquences dramatiques que l’on sait déjà.






Simon CHAPUY
le Lundi 30 Mars 2015

Bibliographie
[1] Blog du modérateur, (2015, Janvier) « CHIFFRES INTERNET – 2015 » [en ligne], [http://www.blogdumoderateur.com/chiffres-internet/], (consulté le 30/3/15)
[2]    Wikipédia, L’encyclopédie libre, « Site web » [en ligne], [http://fr.wikipedia.org/wiki/Site_web], (consulté le 30/3/2015)
[3]    Boris Manenti, (2015, Mars), « 5 sites censurés en France pour apologie du terrorisme », L’Obs [en ligne], [http://tempsreel.nouvelobs.com/tech/20150316.OBS4703/un-premier-site-censure-en-france-pour-apologie-du-terrorisme.html], (consulté le 30/3/2015)