mardi 3 février 2015

Le livre, mis à l’épreuve par la technologie ?

La lecture. C’est une manière de recevoir des informations par la compréhension d’écriture. Un acte si simple, et pourtant si omniprésent dans nos vies. Tellement naturel que cet agissement est devenu un réflexe ; comme nous respirons sans y réfléchir, la démarche de lire est inconsciente, automatique. Avez-vous déjà essayé de regarder un mot, une phrase en essayant de ne pas les lire ? Il est impossible de dissocier les lettres et de ne pas s’attacher au sens de ce que nous voyons. D’ailleurs, un test assez simple consiste à lire un texte dans lequel les lettres des mots ont été mélangées (voir ci-dessous) et révèle rapidement qu’il est assez aisé d’en comprendre le sens, bien qu’aucun des mots n’ait été écrit correctement.



               
Les formats de lecture sont multiples, et pour cause, les techniques d’écriture ont largement évoluées depuis son invention (estimée aux environs du IVe siècle av. J.-C.). Lorsque nous parlons actuellement de littérature, nous voulons la plupart du temps parler d’un livre au format papier. Mais grâce aux progrès technologiques, le 21e siècle a connu les débuts et l’expansion du livre numérique. Il est d’ailleurs amusant de noter que malgré les 25 000 années qui nous séparent, nous pouvons observer un retour des tablettes, bien que l’argile et la cire aient été troquées contre l’électronique.


Nous sommes forcés de constater que le marché du livre électronique est indéniablement croissant, la principale justification à cela étant la praticité du format numérique des livres.  Et les chiffres le prouvent : aux États-Unis et en Grande-Bretagne il constitue 15 à 20% des parts de marché du livre. Si la France résiste encore et toujours à l’envahisseur avec seulement 4,5% de vente par rapport au format papier en 2013, le format numérique enregistre tout de même pour l’année 2014 une progression de 110% avec 2 millions d’e-books vendus en 2014 [1]. Le livre coûterait en moyenne 6 fois plus cher que son homologue numérique (3€ contre 0,50€), mais la marge réalisée est bien supérieure dans le cas de l’e-book avec un prix moyen de 9,99€ (soit 20 fois le coût de la production) contre un prix moyen de 20€ pour le format papier (6 fois le coût de la production). [2]

La durée de vie d’un livre est quasiment illimitée, alors qu’on peut estimer la durée de vie d’une liseuse à une dizaine d’années. Cette dernière peut sembler plus écoresponsable à l’utilisateur non-averti, car elle a l’avantage d’économiser la création de nombreuses feuilles de papier et nécessitant ainsi de l’eau et du bois. L’impression nécessite également de l’encre qui est tout sauf un produit naturel. Il ne faut cependant pas oublier que la fabrication de l’appareil de lecture a lui aussi une empreinte carbone non négligeable, due à l’extraction des matières premières pour réaliser les composants électroniques et tout le boîtier d’une liseuse. Il est donc difficile de différencier les 2 formats sur cet aspect écologique. [3]

Le format numérique a tout pour plaire ; un appareil aux dimensions réduites, léger, donnant accès à des centaines d’ouvrages, et à un tarif relativement intéressant par rapport à l’achat du même nombre de livres au format papier. De plus, la liseuse offre beaucoup d’options qui ne peuvent laisser le consommateur indifférent : la possibilité de stocker un grand nombre d’ouvrages à la fois, la sélection de passages dans un texte pour permettre une copie ou une recherche sur internet. Certains appareils offrent même des options multimédias permettant la lecture de musiques, de vidéos, ou encore de naviguer sur le web. La possibilité de pouvoir lire sans besoin de source de lumière extérieure est également un atout non négligeable du livre numérique, qui devient en quelque sorte le couteau suisse de l’amateur de littérature : transportable et utilisable en toutes circonstances, pour un tarif qui reste abordable.

Les défenseurs du format papier expliquent que toute l’authenticité et l’émotion qui se dégage de ce qui s’appellerait un « vrai livre » ; par exemple, l’un des arguments les plus avancés par la communauté réfractaire à la technologie demeure « l’odeur du papier neuf ». Il peut également être annoté, corné, surligné, souligné, il possède une histoire, un vécu … et l’on peut d’ailleurs en deviner l’âge au « degré de jaunisse » de ses pages. Ce format a aussi le gros avantage d’être reposant pour la tête et les yeux : à l’ère du tout-numérique, lire pour s’évader perd tout son sens si c’est pour finalement se retrouver derrière un écran. Et comment peut-on confronter la chaleur d’une librairie où l’on peut se laisser aller à rêver dans les rayons au fil des quatrièmes de couverture, en comparaison avec un achat d’un e-book sur un site web glacial, distant et impersonnel ? [4]

Le lecteur averti se retrouve alors confronté à un dilemme : succomber aux charmes et aux options multiples d’une liseuse flambante neuve ou se restreindre au traditionnel et encombrant livre composé de vulgaires feuilles de papier ? Faire son choix entre le pragmatisme et les émotions. Malgré la croissance de leur concurrent des mesures sont prises pour la défense des livres papiers : en France par exemple, les livres sont protégés par plusieurs lois, entre autres la loi Lang (1981) qui assure aux lecteurs un prix à peu près équivalent dans toutes les librairies : « [ce] n'est pas seulement une question économique mais bien une vision du monde. Les Français considèrent les livres comme un bien culturel à part. (…) Quant au gouvernement français, il considère le livre comme "un produit de première nécessité" au même titre que l'électricité, le pain et l'eau. » [5]




Simon CHAPUY
le Mardi 3 Février 2015


Bibliographie
[1]    Driss UPPR, (2014, Octobre), « Livre numérique VS livre papier, quel avenir ? », L’Express : Express Yourself [en ligne], [http://www.lexpress.fr/culture/livre/livre-numerique-vs-livre-papier-quel-avenir_1616177.html], (consulté le 3/2/2015)
[2]    Gregory Vereecque (2013, Juillet), « Livre VS E-book : le match », Radins.com [en ligne], [http://www.radins.com/dossiers/livre-vs-e-book-le-match,1317.html], (consulté le 3/2/2015)
[3]    Anabelle (2011, Novembre), « Livre papier vs livre numérique : lequel est le plus écolo ? », Consoglobe.com [en ligne], [http://www.consoglobe.com/livre-papier-vs-livre-numerique-lequel-est-le-plus-ecolo-cg], (consulté le 3/2/2015)
[4]    Florian Geuppert (2013, Décembre) « E-book vs livre imprimé : une histoire de goûts ? », Journal du Net [en ligne], [http://www.journaldunet.com/media/expert/56039/e-book-vs-livre-imprime---une-histoire-de-gouts.shtml], (consulté le 3/2/2015)

[5]    Pamela Druckerman (2014, Juillet), « Acheter un livre, un acte politique ? », The New York Times [en ligne], [http://www.courrierinternational.com/article/2014/07/16/acheter-un-livre-un-acte-politique], (consulté le 3/2/2015)

1 commentaire:

  1. Ah Simon, je suis bien d'accord avec toi : C'était mieux avant !! Honnêtement, je ne sais pas comment les gens font pour lire avec une liseuse car lire devant ce format me fatigue juste beaucoup trop. Dans le même esprit, il est maintenant possible de télécharger sur l'iStore (j'imagine qu'il en est de même sur Google Play) des livres gratuits. C'est ce que j'ai fait car je voulais lire Moby Dick. Cependant au bout de 30 pages, j'étais juste incapable de continuer. Et puis l'avantage d'un livre aussi, c'est qu'on peut facilement revenir en arrière si on a oublié un passage, ce qui est franchement utile quand il arrive de rêvasser en lisant son bouquin :)

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